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dimanche 8 novembre 2009

Le radeau de la Méduse


En 1816, après Waterloo, Louis XVIII se réinstalle sur le trône de France. Le Sénégal vient d'être restitué à la France par les Britanniques ; le 17 juin une flottille appareille de l'île d'Aix avec la frégate La Méduse sous les ordres du commandant Hugues Duroy de Chaumareys, à son bord le futur gouverneur du Sénégal, le colonel Julien Schmaltz, accompagné de sa famille.
La frégate s'échoue sur le banc d'Arguin, à 160 km de la côte mauritanienne. Les opérations de déséchouage se passent mal. L'évacuation est délicate :
les 233 passagers privilégiés, dont Chaumareys, Schmaltz et sa famille, embarquent sur six canots et chaloupes, dix-sept marins restent à bord de La Méduse, trois survivront ; les 149 marins et soldats restants doivent s'entasser sur le radeau long de 20 mètres et large de 7 mètres avec peu de vivres. Lorsque l'amarre avec les autres canots se brise ou est volontairement larguée, le commandant laisse les passagers du radeau livrés à leur sort. La situation se dégrade rapidement, dès la première nuit 20 hommes se sont suicidés ou ont été massacrés.
Après 12 jours, le radeau est repéré par le brick L'Argus, quinze rescapés restent à bord : pour leur survie ils ont pratiqué très vraisemblablement le cannibalisme, cinq mourront dans les jours qui suivent.

Géricault commencera son tableau pendant les retentissements provoqués par les révélations des survivants. Pour fixer l'errance des damnés du radeau de La Méduse il a choisi un moment proche du dénouement de la tragédie alors que les survivants aperçoivent L'Argus.
Géricault se fit conter la tragédie par les deux survivants, représentés au pied du mât, qui lui donnèrent une description exacte du radeau. Son souci de réalisme le conduisit dans les hôpitaux pour étudier les moribonds et les cadavres.

L'oeuvre est parfaitement romantique par son inspiration, un sujet d'épouvante puisé dans l'histoire contemporaine, par sa facture emportée, par le dynamisme qui l'anime : néanmoins, elle se réfère à la tradition classique par sa composition pyramidante.
Elle est vilipendée au Salon de 1819, tant pour la nouveauté de son interprétation que pour son esprit où on décèle des intentions politiques (le naufrage de "La Méduse'' avait suscité des remous contre le pouvoir), la présence d'un naufragé noir est considéré comme un manifeste contre l'esclavage. En revanche, le tableau soulève l'enthousiasme en Angleterre où Géricault l'expose en 1820.
Autres éléements à noter :
C’est Eugène Delacroix qui a posé comme modèle pour le jeune homme au centre, dans le bas, le bras gauche sur une poutre.
Plusieurs personnages du tableau portent des bandages enroulés autour des pieds. En effet, une étude du tableau aux rayons X a révélé que Géricault avait tenté de leur dessiner des pieds, en pure perte.

1 commentaire:

  1. Merci pour cette présentation synthétique et complète.
    Le saviez-vous ? Pour l'exposition au Salon du Louvre, l'administration a modifié le titre du tableau en "Scène de naufrage". Mais les spectateurs n'ont pas été dupes !

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